Une quinzaine d’associations locales, en milieu rural, proposent une vie d’Église complémentaire des paroisses.
Réunis lors du week-end de l’Ascension pour leur rencontre bisannuelle, ces catholiques tentent de faire vivre les campagnes.
Une quinzaine d’associations locales, en milieu rural, proposent une vie d’Église complémentaire des paroisses.
Réunis lors du week-end de l’Ascension pour leur rencontre bisannuelle, ces catholiques tentent de faire vivre les campagnes.
A l’association de l’Horizon, à Harol (Vosges), des chrétiens des campagnes s’engagent auprès de personnes isolées. / Jean-Paul Girardin
Ils parlent réfugiés, transition écologique, prévention du suicide, accueillent des migrants, rencontrent des élus, se forment à la communication non-violente, lisent la Bible, organisent des repas de quartier. Des problématiques rurales ? En dépit des stéréotypes, oui. Pour la plupart issus de l’Action catholique, cherchant dans l’Église les voies d’une société plus apaisée, ces chrétiens des campagnes se saisissent des mêmes sujets de société qu’ailleurs. Mylène, Christian, Jean, Élisabeth et une cinquantaine d’autres venant de « lieux d’Église en rural » étaient réunis lors du week-end de l’Ascension dans les Vosges, pour leur traditionnel rassemblement national bisannuel, dénommé « Inter-lieux ».
Entre villes et campagnes, un décalage « de plus en plus flagrant »
Avant tout chrétiens engagés, leur terrain d’expression, le monde rural, est pourtant bien spécifique. « Quand je retourne à Lille, où j’ai fait mes études, et que je vois le nombre de propositions cathos géniales, je me dis que ce n’est pas juste ! En France, le décalage est de plus en plus flagrant entre les grands centres urbains et un désert dès qu’on en sort, même dans l’Église », se désole Élisabeth Saint-Guily.
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Pour cette trentenaire issue d’une famille bourgeoise des Yvelines, s’installer à la campagne, dans l’Avesnois (Nord), il y a onze ans, fut pourtant bien un choix, après ses diplômes d’ingénieur en agronomie et sociologie. « En stage agricole, en première année, j’ai adoré ce milieu. J’ai rencontré des gens du MRJC (Mouvement rural de la jeunesse chrétienne). Je me suis sentie bien. »
« Son » Église : le CMR (Chrétiens en monde rural), un groupe de musique à l’échelle de la communauté de paroisses, et le Vivier, association faisant partie du réseau informel des atypiques lieux d’Église en rural. Elle la copréside et y anime, entre autres, des ciné-débats. Mais elle y est souvent de loin la seule jeune, à côté d’une grande majorité de sexagénaires. « Ils ont connu Mai 68, Vatican 2, ont fait de belles choses, sont dynamiques et veulent transmettre. Mais, particulièrement en rural, nous sommes moins nombreux ! En réunion, je me projette dans dix ans, et j’ai la pression ».
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Une vie de paroisse « extrêmement fragile »
Pourtant la pénurie de prêtres, plus aiguë à la campagne, ne suscite pas d’affolement chez Mylène Lambert, 58 ans, présidente de L’Horizon, à Harol (Vosges). « Je me sens une responsabilité de chrétienne. Certes, le prêtre est en charge des sacrements, mais qui dit, que par mes actions, notamment vis-à-vis des étrangers, je ne redonne pas vie ici et là… La difficulté dans le monde rural, c’est l’attachement aux structures, et la non-reconnaissance de la diversité des personnes assumant des responsabilités. » Celle qui boude la messe dominicale va plus loin : « À l’époque, les gens n’étaient pas mobiles, et la communauté de proximité imposée était la paroisse. Moi, je me sens bien à l’Horizon, pourtant à 55 km de chez moi. Il faut que les choses s’inventent », estime-t-elle.
Christian Vidal, lui, reste fidèle à sa paroisse, même si c’est à La Mondée, une association qui favorise le lien social dans le bourg d’Izeaux, dans l’Isère, qu’il a trouvé à s’intégrer quand il est arrivé dans la région. « À la campagne, les prêtres passent très vite, aspirés par la ville, ce qui rend la vie de paroisse extrêmement fragile », ajoute-t-il, tandis que d’autres trouvent difficile de construire des projets ou équipes de mouvements avec des rurbains, certaines campagnes étant aujourd’hui de grandes banlieues dortoirs.
Présence non institutionnelle
Rien qui n’effraie pourtant le P. Jean Sigot, membre d’une équipe de six prêtres sur une communauté de paroisses dans la région de Montargis (Loiret), au profil encore très agricole. Même s’il passe un temps conséquent sur les routes, il apprécie, après vingt ans en ville, d’avoir affaire à « de très petites communautés », l’obligeant souvent à se déplacer chez les fidèles, notamment cultivateurs, qui ne trouveraient pas le temps de rejoindre le presbytère.
Dans son secteur, « très déchristianisé », la présence d’Église non institutionnelle qu’est le Pont de Pierre, et dont il est prêtre accompagnateur, réussit, se réjouit-il, à faire se rencontrer des publics très différents, croyants ou non.
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